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Dogfinance
Faire son stage en audit financier chez KPMG, le point de vue d'Alexandre Henri
Interview sur le métier d'auditeur – Dogfinance
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alexandre HENRI, je travaille actuellement chez KPMG en tant qu’auditeur financier dans le cadre de mon stage de césure.
2. Quelles formations avez-vous suivi ? Pourquoi avez-vous choisi cette orientation ?
Passionné par le sport, je me suis d’abord dirigé vers une Licence STAPS après avoir obtenu mon bac ES. Finalement, malgré l’obtention de ma première année avec mention, j’ai décidé de me réorienter en intégrant une Licence Économie-Gestion avec une volonté de mieux comprendre le monde économique qui nous entoure ainsi que ses enjeux (sociaux, sociétaux et environnementaux). Ainsi, j’ai étudié à Rennes pendant mes deux premières années avant d’intégrer l’École des Sciences de la Gestion à Montréal (UQAM). Cette opportunité (grâce à un partenariat avec l’université) m’a permis de m’ouvrir à l’international, de découvrir une nouvelle culture ainsi qu’une nouvelle approche en économie. Souhaitant comprendre la gestion des entreprises d’un point de vue comptable, administratif et financier, j’ai postulé à l’Université de Paris-Dauphine pour intégrer le master « contrôle, audit, reporting financier » (master 124). Je suis actuellement en césure entre le master 1 et le master 2, ce qui me permet de réaliser des stages afin d’acquérir des expériences dans le secteur et de parfaire mon projet professionnel. La deuxième année du master se déroulera en alternance au sein de la Compagnie des Alpes en tant qu’auditeur interne.
3. Comment avez-vous découvert l’audit ?
Lorsqu’on demande aux enfants ce qu’ils souhaitent faire lorsqu’ils seront plus grand, il est très peu probable qu’ils vous répondent « auditeur ». En effet, c’est un métier qui reste assez peu connu auprès du grand public et qui se découvre au travers de discussions entre amis ou avec des profs. Pour ma part, je me suis vraiment intéressé à l’audit lors de mes études à Montréal et j’ai pu échanger avec de nombreux professionnels grâce aux intervenants que nous avons eu à Paris-Dauphine dans le cadre des cours sur l’audit et des événements organisés par l’université (conférences, forum des entreprises, etc.). Je pense que ce partage d’expériences est nécessaire pour construire son projet professionnel et pour avoir conscience des débouchées ainsi que des métiers annexes.
4. Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien au sein de votre entreprise ? Les missions, challenges, votre environnement de travail ?
Avant d’expliquer mon quotidien, il me semble important de définir l’audit (externe) : l’audit financier consiste à fiabiliser les informations financières (bilan, compte de résultat, engagements hors bilan, etc.) des entités (entreprises, associations, hôpitaux…) à travers une approche par les risques. C’est une obligation légale dans certains cas : lorsque les entreprises dépassent les seuils redéfinis par la loi PACTE (2019), pour les groupements d’intérêts économiques, etc.
On distingue principalement deux grandes périodes en audit financier : la phase « d’intérim » et la phase « finale ». Pendant l’intérim, les travaux réalisés vont consister à effectuer des revues de process avec le client via des entretiens pour identifier les éventuels risques et points de contrôles associés. Lors du final, nous allons rentrer dans le vif du sujet en réalisant un ensemble de test sur les différents cycles (immobilisation, trésorerie, personnel, etc.). L’objectif de ces tests consistent à vérifier qu’il n’y a pas d’anomalies dans les comptes et que les informations financières soient fiables. L’auditeur devra donc être un bon communiquant avec un esprit critique afin de connaître les impacts financiers des événements survenus au cours de l’exercice comptable ainsi que de comprendre les écarts identifiés après avoir échangé avec le client. Il faut donc être à l’aise avec la comptabilité et Excel. En général, une mission d’intérim dure deux-trois jours et un final dure une semaine. On change donc très fréquemment de client et d’équipe, ce qui implique une adaptation permanente : comprendre le business de chaque client, être fréquemment en déplacement (hors covid), travailler avec des personnalités très différentes avec un objectif commun : finir tous les travaux dans les délais impartis.
5. Quelles sont les compétences attendues d'un auditeur ?
L’une des premières compétences attendues par un recruteur en audit est la curiosité. Il est nécessaire de poser pleins de questions en permanence afin de progresser et de maîtriser les dossiers. Ensuite, il faut aimer le travail en équipe, être synthétique, organisé, avoir des bases solides en comptabilité et en Excel (qui représente la majorité du temps de travail), et accepter de faire plus de 35h par semaine.
6. Peut-on dire que l'audit est un métier de demain ? A quels changements pensez-vous que ce secteur sera confronté ?
Le métier d’auditeur (externe et interne) existera toujours demain, mais il sera métamorphosé. Les Big Four et Mazars se préparent à ce virage propulsé par l’intelligence artificielle. En effet, ils sont très actifs sur la rédaction d’articles sur le futur de l’audit avec l’apparition de l’« audit augmenté » et de la blockchain. C’est pourquoi de nombreux départements « audit IT » se créent au sein des cabinets. En revanche, cette transformation prendra plusieurs années (peut-être une décennie) pour qu’elle soit validée par toutes les instances de régulation et pour qu’elle se démocratise (car nous sommes encore loin du 100% numérique au sein de certains établissements).
7. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant intégrer votre entreprise en tant qu’auditeur junior ?
Avant d’intégrer un nouveau poste, il me semble primordial d’échanger avec plusieurs professionnels du secteur afin d’avoir une vision la plus juste possible sur le métier. Multiplier les retours d’expériences permet d’avoir un avis plus objectif, mais aussi de construire son propre avis et de découvrir d’autres métiers annexes.
8. Pensez-vous que votre parcours a été un atout pour progresser en audit ?
Bien que mon parcours n’ait pas été linéaire, il a été très formateur et m’a permis d’éveiller ma curiosité sur d’autres sujets. Au gré de mes rencontres, j’ai pu échanger avec divers professionnels, aussi bien dans le cadre universitaire que privé, afin de construire mon projet professionnel (qui sera encore amener à évoluer au travers des futurs rencontres et retours d’expérience).
Bien évidemment, un master dans le domaine du contrôle de gestion ou de l’audit est une condition quasiment sine qua none pour intégrer un cabinet (même si certains cabinets laissent tout de même une porte d’entrée pour les étudiants qui sortent d’écoles d’ingénieur). De plus, l’université de Paris-Dauphine nous offre la possibilité d’acquérir des expériences concrètes grâce aux alternances et années de césure, mais aussi grâce aux nombreux intervenants.
9. Quelles sont les principales différences entre un auditeur externe et interne ?
L’auditeur externe se concentre principalement sur l’aspect financier des entités (bien qu’il y ait une revue de process au cours de l’intérim) ; et est tourné vers le passé : on audite toujours les comptes N-1 (c’est-à-dire qu’au premier trimestre 2021, les commissaires aux comptes auditent les comptes arrêtés au 31 décembre 2020 dans le cas d’une clôture d’exercice en fin d’une année civile). De plus, comme son nom l’indique, l’auditeur externe est « extérieur » à l’entité auditée, c’est-à-dire qu’il n’est pas salarié de cette entreprise (notamment pour des raisons d’indépendance) ; mais fait partie d’un cabinet.
A contrario, l’auditeur interne fait partie de l’entreprise (en étant rattaché à la direction générale) et contribue à sa stratégie. L’ONISEP définit l’auditeur interne comme étant le « médecin généraliste de l’entreprise » : son objectif est d’identifier les risques (en termes de fréquence et d’intensité) au sein de tous les process (finance, IT, RH, achat, etc.) et d’émettre des recommandations afin de pallier ces défaillances.
En revanche, l’auditeur externe et l’auditeur interne ont une méthodologie commune avec l’approche par les risques.
10. Y a-t-il plus d'avantages dans l’audit interne ou externe ?
Tout dépend de ce que chacun recherche. Je pense que l’audit externe reste un point de passage très formateur, aussi bien en termes d’hard skills que de soft skills, et peut apparaître comme un troisième cycle de formation. Par ailleurs, les retours d’expérience montrent que l’audit externe est un point de passage pour atteindre d’autres fonctions (DAF, contrôleur de gestion ou auditeur interne).
11. Quels sont les avantages en tant qu’auditeur au sein de votre entreprise ?
Le point fort des grands cabinets d’audit est à mon sens la formation ainsi que la documentation mise à disposition. Ainsi, lors de mon arrivée pour un stage de six mois, nous avons suivi une formation de cinq jours afin de nous présenter les bases de l’audit et la méthodologie utilisée. Ensuite, il existe plusieurs perspectives d’évolution : soit gravir annuellement les échelons en audit en passant de junior jusqu’à partner (associé) ; soit évoluer en interne en quittant l’audit au profit du restructuring ou du TS (transaction services) par exemple ; soit en changeant de métiers (contrôle de gestion, audit interne, etc.).
Pour finir, la non-sectorisation des cabinets en région permet d’être confronté à une multitude de business model dans des domaines très différents (industries, immobilier, logistique, retail, grande distribution, etc.), ce qui est stimulant intellectuellement.
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