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Le lieu d’habitation : critère de discrimination ?
En théorie, un employeur ne doit tenir aucun compte du lieu de résidence d’un candidat qui postule pour intégrer son entreprise. En théorie toujours, le fait d’écarter une personne d’une procédure de recrutement – donc de traiter celle-ci de manière défavorable – pour ce motif constitue une discrimination au sens juridique. Mais dans les faits, où en sommes-nous ?
Selon les résultats du 8ème baromètre sur les discriminations ressenties par les demandeurs d’emploi réalisée par l’OIT et le Défenseur des Droits en février dernier, le lieu de résidence reste un motif de discrimination fortement ressenti par les candidats. Ainsi, 16% des demandeurs d’emploi (21% pour les demandeurs d’origine étrangère) estiment avoir déjà été discriminés en raison de leur lieu d’habitation.
Le handicap du quartier sensible…
« La banlieue, plutôt non ». Le fait d’habiter dans un quartier sensible (Zone Urbaine Sensible) est cité dans 63 % des cas par les personnes ayant ressenti une discrimination au cours de leur recherche d’emploi. Une discrimination plus fortement ressentie encore au cours d’un entretien d’embauche ou d’une épreuve de concours administratif, évènements au cours desquels 41 % des candidats ont été interrogés sur leur lieu de résidence et 58 % ont perçu la question comme une discrimination nette.
La faute essentiellement ici à l’image dont pâtissent certaines zones sensibles. Selon une étude de l’INSEE, sur un même département (95) et à quelques kilomètres seulement de distance, on observera ou non des discriminations selon que la ville ait été médiatisée positivement ou négativement, plus encore que selon qu’il s’agisse d’une zone dite « favorisée » ou « défavorisée ». Ainsi, un habitant de Villiers-le-Bel (un nom qui rappelle les émeutes de 2007) se verra plus probablement discriminé qu’un habitant de Sarcelles ou Enghien-les-Bains.
… et de la desserte du lieu de résidence
Un autre critère, rarement évoqué ou mesuré entre en ligne de compte : la probabilité (réelle ou estimée) de complications lors du trajet d’un salarié pour se rendre sur son lieu de travail et donc, du point de vue d’un employeur, la probabilité de constater des irrégularités en termes de ponctualité et de présence.
S’il est difficile d’obtenir des chiffres sur cet aspect du côté des employeurs, le ressenti des candidats ou salariés en dit long. Plus de 60% des Franciliens se disent plutôt stressés ou très stressés par le trajet en transports en commun. Entre incidents techniques, retards et suppressions de trains (cités par 85% des utilisateurs franciliens), les retards au travail se révèlent beaucoup plus fréquents en IDF qu’en province. Du stress supplémentaire pour des salariés qui ne savent plus toujours comment se justifier auprès de leur employeur, notamment lorsque les retards deviennent récurrents. Et du côté des employeurs, c’est un éventuel manque à gagner et des difficultés de fonctionnement que l’on a à l’esprit.
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