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Situation des marchés financiers à la mi 2021
Les collectivités ont toutes fini de voter leurs budgets 2021 et se tournent désormais vers les banques pour financer leurs nouveaux projets. Le moment est donc venu de faire un premier point sur la situation des marchés, des tendances se dessinant à l’heure des premières mises en place d'emprunts.
L’inflation
La zone Euro a connu une forte hausse de l'inflation depuis la fin de l'année 2020. La situation entre pays est assez hétérogène avec notamment un taux qui reste relativement faible en France (passé de -0,30% sur les derniers mois de 2020 à 1% en mars) et des zones plus inflationnistes comme l'Allemagne (+2,5% en mai).
Les raisons de cette inflation sont multiples :
- une nette reprise de la consommation liée aux déconfinements qui se généralisent, et même un effet de rattrapage certain de la part des populations n'ayant pas été impactées financièrement par la crise sanitaire.
- un déséquilibre important entre offre et demande sur des secteurs spécifiques (construction, électronique). Ceci du fait d’une certaine désorganisation des chaines de production et de distribution, mais surtout d’une demande non anticipée, soit qu’elle n'ait pas diminuée, soit qu’elle ait même fortement augmentée pendant la pandémie, comme cela a pu être le cas concernant le matériel informatique.
- un coût des matières premières en hausse, au premier rang desquelles le pétrole et les produits alimentaires.
La question se posait en début d'année de savoir si ce regain d'inflation serait éphémère, le début d'un mouvement plus important, ou un simple retour à une inflation plus habituelle et plus vertueuse comprise entre 1 et 2% (objectif de la BCE).
S'il est encore un peu tôt pour répondre à cette question, la tendance actuelle nous place pour le moment dans ce dernier scénario.
Pour autant, cette poussée de fièvre du début d’année a marqué les esprits et laissé des traces. Les marchés ont redécouvert le risque inflationniste qui avait disparu depuis la création de l'Euro.
L'espoir de voir la pandémie prendre fin
Les marchés témoignent d'une véritable confiance dans les vaccins et de la possibilité de sortir de la pandémie d'ici la fin de l'année.
Cette vision optimiste reste cependant tributaire de quelques hypothèses :
- l'adéquation ou l'adaptation des vaccins aux variants. L’Angleterre, majoritairement vaccinée avec une seule dose d'AstraZeneca, traverse ainsi une période de doutes avec des contaminations de nouveau en hausse du fait du variant "indien".
- l’accès effectif à ces vaccins par le plus grand nombre. Pour enrayer la pandémie durablement, en ne permettant pas à de nouvelles mutations d'apparaitre, les experts jugent nécessaire que les vaccins les plus efficaces soient produits et mis à disposition du monde entier. L'annonce américaine de proposer 500 millions de doses Pfizer à des prix "not for profit" aux pays dans le besoin sur les 12 mois à venir est un pas dans cette direction.
Quelles conséquences sur les marchés de taux ?
Les marchés ont salué ces nouvelles par une importante hausse des taux longs, de l'ordre de 0,40% depuis la fin d'année dernière. Le trésor public a ainsi émis des titres à 10 ans à taux franchement positifs en avril pour la première fois depuis 2 ans.
Ce mouvement se traduit mécaniquement dans les offres bancaires par une évolution à la hausse à peu près équivalente (les banques proposaient des taux fixes aux environs de 0,30% à la constitution des prix de fin d'année, contre du 0,60% aujourd'hui)
La courbe qui illustre cette note montre la constituante marché d'un emprunt à 15 ans à amortissement constant (donc hors marges bancaires)
Cette translation confirme la consistance des marges bancaires observées depuis quelques années autour de 0,30%. Une des conséquences appréciables de cette hausse dans le cadre de la mise en place d'un nouveau financement est que le choix d'un taux variable redevient intéressant si l'emprunteur souhaite minimiser ses frais financiers sur les premières années.
Événements prévisibles sur le second semestre
Sans chercher à prédire l'avenir, voici quelques actualités qui pourraient influer sur les marchés de taux européens d'ici la fin de l'année :
- La Covid, encore et toujours, avec la question d'un automne marquant le retour à la sérénité ou à un nouveau confinement.
- Les élections générales allemandes de septembre, marquant le départ de Mme Merkel, et porteuses d'un potentiel changement de majorité.
- L'entrée en scène du plan de relance européen. Les derniers freins ont été levés avec les approbations successives de chacun des états européens, et sa mise en œuvre va pouvoir commencer. Il ne portera cependant pleinement ses fruits qu'à partir de l'an prochain.
Si l'atmosphère est aujourd'hui à l'optimisme, il faut garder à l’esprit que les marchés ont anticipé et intégré une grande partie des bonnes nouvelles à venir. Si les faits donnent raison aux optimistes, les marchés n'augmenteront que peu, alors que dans le cas contraire on pourrait rapidement voir un retour sur les niveaux de taux de l'an passé.
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